Tenerife, Juin 2023

 Pour profiter de meilleures conditions d'observations je suis parti 3 jours à Tenerife avec ma fille ainée spécialement pour faire de l'astronomie

Conditions d'hébergement

Nous avons passé 3 nuits dans le Parador de Canadas, situé dans la Caldera au pied du Teide, à 2000m d'altitude. Le site est exceptionnel, des paysages d'apparence martienne sans équivalent. Le lieu vaut à lui seul le voyage.

Matériel

Nous avons pu louer un Dobson Meïade de 300mm chez Asterark, une petite entreprise locale pratiquement inconnue sur internet. Ils se sont avérés très sympathiques et très sérieux, je les recommande.

Nous sommes venu avec nos propres oculaires et en particulier un Explore Scientific 24mm 82° que j'ai acheté pour l'occasion, avec lequel j'ai fait l'essentiel des observations.

Le télescope est très lourd, ne peut en pratique pas être transporté seul, or il fallait bien le rentrer et le sortir chaque nuit. Difficile aussi de l'installer pendant le jour si on ne souhaite pas attendre à côté pendant plusieurs heures. Globalement la logistique a été assez complexe. 

Il s'est avéré également très difficile à collimater. Les quelques observations a fort grossissement que nous avons essayé se sont révélées décevantes, c'est peut-être à cause de cela, ou du seeing qui n'était peut-être pas très bon.

Il est clair que l'utilisation d'un télescope de location, qu'on ne connait pas, n'est pas idéal. Pour les observations de ciel profond à faible grossissement il s'est cependant révélé tout à fait satisfaisant.

Conditions d'observation

Malheureusement les conditions d'observation ne se sont pas révélées aussi bonnes que prévu. La première nuit était nuageuse, les deux autres favorables à l'observation mais nous n'avons malheureusement pas trouvé de site idéal. Paradoxalement la caldera est immense et déserte mais le choix de sites accessibles en voiture est extrêmement limité. La première nuit nous sommes allés au belvédère à proximité de l'hôtel qui s'est avéré très fréquenté par des gens pourvu de lampes de poches, la deuxième nous l'avons passé dans la cours de l'hôtel, mais jusqu'assez tard certaines fenêtres sont restées allumées. Le site n'est malheureusement pas idéal pour l'astro-tourisme. Nous étions d'ailleurs, à notre surprise, les seuls à pratiquer l'observation visuel, un autre groupe pratiquant l'astro-photo. De très nombreux groupes de touristes sont par contre venu chaque nuit en première partie de nuit depuis la cote, accompagné par des guides astro, pour observer les étoiles.

Le ciel s'est tout de même avéré magnifique quand nous avons pu enfin en profiter. Le découpage des zones sombres de la voie lactée était très net. La limite de magnitude visible était de l'ordre de 6.

Aussi, les canaris étant sur le 28° parallèle, le nombre d'objets intéressant à observer en été est considérablement plus élevé qu'en France. Le Scorpion et le Sagittaire sont entièrement observables.

Des observations fabuleuses

Durant nos deux nuits d'observations nous avons observé un très grand nombre d'objets célestes dont voici les plus marquants:
  • Omega Centauri, visible assez bas et en début de nuit, réputé le plus bel amas globulaire du ciel. Même à l'oculaire 24mm il prend une large part du champ, il est très lumineux et des centaines d'étoiles sont distinguable, à l'extérieur comme au centre. C'est un spectacle magnifique qui donne l'impression d'observer une petite galaxie, ce qu'Omega Centauri a été avant d'être englobé par notre galaxie.
  • La Nébuleuse de la Lagune, M8, de grande taille, sa forme générale ainsi que ses zones sombres sont très clairement définie. Elle est très belle, comparable à Orion, mais les conditions d'observation ici sont bien meilleures. Mon filtre UHC a considérablement amélioré sa visibilité.
  • La Nébuleuse Trifid, disque lumineux devant lequel une nébuleuse sombre dessine des bras le découpant, donnant une forme très caractéristique, la aussi parfaitement découpée.
  • La Nébuleuse de l'Aigle, belle et grande également, mais aucune trace visible des piliers de la création
  • Les Dentelles du Cygne, peut-être la plus belle surprise de ces observations, les dentelles du cygne réputée difficiles à observer se sont révélées particulièrement détaillée, la encore grâce au filtre UHC. D'une part la grande dentelle et son motif "en dentelle", justement, superposition de petite vagues très bien définies, et d'autre part la petite dentelle, volute de fumée entourant l'étoile 52 du Cygne.
  • La Nébuleuse Sombre Barnard 68, tâche sombre très distincte apparaissant sur fond recouvert d'étoile.
  • La Galaxie de l'Aiguille, fin trait coupé en son centre par une boule lumineuse, la plus belle des galaxies qu'il m'a été donné de voir ce soit la (et donc de voir tout court, jusque là)
De multiples autres observations se sont révélée magnifiques. En fin de deuxième nuit, alors que nous étions tous deux las et épuisés, nous avons passé un certain temps à nous laisser aller à faire glisser le télescope au hasard sur la voie lactée entre le Cygne, l'Aigle, le Sagittaire et le Scorpion, admirant les dizaines de milliers d'étoiles défilant ainsi sous nos yeux et tombant sans aucune difficulté sur des objets magnifiques que nous n'avions plus le courage d'identifier. C'est une phase qui nous laissera aussi un souvenir ému.

Et quelques déceptions

En revanche, certaines observations ont été décevantes et il est important de le noter aussi ici. Les nébuleuse planétaires manquaient de définition, probablement  cause du télescope. Hélix était bien visible mais pas aussi nette qu'espéré. Déception aussi pour les galaxies. Plus lumineuses que dans mes observations précédentes (au 200mm dans la campagne française), il restait difficile d'en distinguer les formes au delà d'une tache allongée sur le ciel noir. A l'exception de l'Aiguille préalablement citée et dans une moindre mesure de la Baleine il a été difficile de s'enthousiasmer. Par exemple, les bras spirales de M51 étaient distinguables au prix d'un effort énorme qui confinait à l'effort d'imagination.

Est-ce du à un ciel finalement pas si noir que ça? Peut-être. La magnitude limite n'était d'ailleurs pas si élevée que cela. Les guides eux-mêmes nous ont dit que Tenerife souffrait aussi de la pollution lumineuse, contrairement à La Palma.

Conclusion

Voyage pleinement réussi à de nombreux point de vue, et meilleures sessions d'observations astronomiques que j'ai pu faire, et de loin, il ne m'incite tout de même pas à conseiller Tenerife pour l'astro-tourisme.

D'ici quelques années je reviendrai au Canari, mais cette fois-ci à La Palma, un peu plus difficile d'accès mais visiblement plus adaptée.










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